Le chaosfini...
Après la 1ère soirée furieuse et chaotique du Je(u)dI, cette 2ème
grande nocturne Lives ne pouvait que s'annoncer des plus rudes.
Et, il est vrai, que le début des hostilités fût quelque peu abru(pt)e...
Mais Kômondi: "Quand c'est parti, c'est parti!", et
ce ne fût que partie remise... reparti de plus belle pour un cosmos
avatariumement chaotique. D'emblée, une chose est sûre et ce sera
la petite déception certes récurrente, insistante, mais évidente:
les Double Nelson auraient sans doute fait beaucoup pour véritablement
rendre cette soirée –Chaosphonie-... Cependant Pigzwilltoast était
dans la place. Le quatuor toulousain a donné dans le son brut,
écorché et énergique. Un concert propre, carré, bien exécuté...
pour, disons, un hardcore bien léché, évoluant parfois (discrètement
et avec trop de prudence à mon goût) au-delà du carcan classique
(samples, cuivres, xylophone)... mais donc bel et bien fidèle
aux inévitables cassures rythmiques, brisures harmoniques et tensions
mélodiques qui en font la recette secrète. Une démarche particulièrement
aboutie sur les 2 morceaux finaux qui ont bouclé le concert toute
en puissance, subtilité et différence. Ce qui ne fût pas de l'avis
de tous, certains considérant un format / formule classique pour
une musique convenable et suffisante. Pigz transpire d’influences
dont il a peut-être du mal à se détacher (Condense fût évoqué
à maintes reprises). Question de feeling... Il serait, par contre,
difficile, injuste et indélicat de qualifier Pole et sa musique,
de classique. Il ne ressemble sans doute à aucun autre... inclassable.
Sa particularité: un son atypique, presque indéfinissable, apparemment
inscrit dans la catégorie novo-dub... En tout cas, le son est
nouveau. Un son que Pole a obtenu de l'inattendu et de l'imprévisible
puisque d’un accident. Un son sombre à la base: craquement, grincement,
souffle... genre tchik-tchik, tchok-tchok...
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Pole
joue aussi sur ces fêlures, cassures, défaillances. Modulations
de niveaux, de fréquence, de vitesse donnent un ensemble cohérent
mais intriguant, ambiant pur, mêlé de dysfonction / fonction,
abstrait / concret... C'est de la dualité et du paradoxe que Pole
semble donner et exister. Faire du bon avec du soi-disant mauvais,
voilà le défi relevé. "Du son de peu" pourrait définir
Pole... ou minimaliste dans le sens de se contenter du moindre
absolu, de la satisfaction de la plus petite chose... pour y donner
et rendre de grands effets. C'est l'approche "less is more",
"moins est plus" traduit tel quel... les + et – que Pole
transcende. Ce travail et cette mixture personnelle font de Pole
un son à part, un univers sonore unique. C'est en cela que Pole
et Chaos, hier, n’ont fait qu'un. Cette chaosphonie partagée fût
cependant trop courte. La prestation de Pole aura duré 45 minutes...
Ceci dû à un problème technique: le matos de l'artiste est resté
bloqué à l’aéroport, a donc mis du temps pour être transférer
à la salle et a ainsi reporté l'horaire de concert. A colis suspect,
loi suspecte... les Lois Suspectent le Quotidien... Le chaos n'est
pas fini... et loin d’être fini. Ni ce soir, ni demain, ni après-demain.
Il nous tient au jour le jour... au quotidien. De l'ordre au désordre:
d'où parle t-on, de qui parle t-on, de quoi parle t-on??? Comment
comprendre tout un arsenal de loi qui exclue l'exclu, qui destabilise
l'instable, qui désorganise l'organisé??!! De l'ordre se crée
le désordre, de la sécurité l'insécurité... Incompréhensible mais
inquiétant. "On est peut-être de la même planète mais certainement
pas des mêmes mondes"... pour sûr!! C'est donc la fin des
fins... ou presque... reste encore de gros morceaux... Avatarium
4ème du nom se boucle. Une belle invitation à la réflexion, à
la rencontre, à la fête... D'expérimentations en expérimentations,
c’est en cela que ce festival me semble réussite: il provoque
et suscite interrogations et surtout envies. Avatar-ia-um EST
Chaos.
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