JOURNAL DE BORD
SAMEDI 23 NOVEMBRE 2002

JOURNAL DE BORD DU FESTIVAL (18-23 NOV)
MARDI/MERCREDI/JEUDI/VENDREDI/SAMEDI

Le chaosfini...
Après la 1ère soirée furieuse et chaotique du Je(u)dI, cette 2ème grande nocturne Lives ne pouvait que s'annoncer des plus rudes. Et, il est vrai, que le début des hostilités fût quelque peu abru(pt)e... Mais Kômondi: "Quand c'est parti, c'est parti!", et ce ne fût que partie remise... reparti de plus belle pour un cosmos avatariumement chaotique. D'emblée, une chose est sûre et ce sera la petite déception certes récurrente, insistante, mais évidente: les Double Nelson auraient sans doute fait beaucoup pour véritablement rendre cette soirée –Chaosphonie-... Cependant Pigzwilltoast était dans la place. Le quatuor toulousain a donné dans le son brut, écorché et énergique. Un concert propre, carré, bien exécuté... pour, disons, un hardcore bien léché, évoluant parfois (discrètement et avec trop de prudence à mon goût) au-delà du carcan classique (samples, cuivres, xylophone)... mais donc bel et bien fidèle aux inévitables cassures rythmiques, brisures harmoniques et tensions mélodiques qui en font la recette secrète. Une démarche particulièrement aboutie sur les 2 morceaux finaux qui ont bouclé le concert toute en puissance, subtilité et différence. Ce qui ne fût pas de l'avis de tous, certains considérant un format / formule classique pour une musique convenable et suffisante. Pigz transpire d’influences dont il a peut-être du mal à se détacher (Condense fût évoqué à maintes reprises). Question de feeling... Il serait, par contre, difficile, injuste et indélicat de qualifier Pole et sa musique, de classique. Il ne ressemble sans doute à aucun autre... inclassable. Sa particularité: un son atypique, presque indéfinissable, apparemment inscrit dans la catégorie novo-dub... En tout cas, le son est nouveau. Un son que Pole a obtenu de l'inattendu et de l'imprévisible puisque d’un accident. Un son sombre à la base: craquement, grincement, souffle... genre tchik-tchik, tchok-tchok...

Pole joue aussi sur ces fêlures, cassures, défaillances. Modulations de niveaux, de fréquence, de vitesse donnent un ensemble cohérent mais intriguant, ambiant pur, mêlé de dysfonction / fonction, abstrait / concret... C'est de la dualité et du paradoxe que Pole semble donner et exister. Faire du bon avec du soi-disant mauvais, voilà le défi relevé. "Du son de peu" pourrait définir Pole... ou minimaliste dans le sens de se contenter du moindre absolu, de la satisfaction de la plus petite chose... pour y donner et rendre de grands effets. C'est l'approche "less is more", "moins est plus" traduit tel quel... les + et – que Pole transcende. Ce travail et cette mixture personnelle font de Pole un son à part, un univers sonore unique. C'est en cela que Pole et Chaos, hier, n’ont fait qu'un. Cette chaosphonie partagée fût cependant trop courte. La prestation de Pole aura duré 45 minutes... Ceci dû à un problème technique: le matos de l'artiste est resté bloqué à l’aéroport, a donc mis du temps pour être transférer à la salle et a ainsi reporté l'horaire de concert. A colis suspect, loi suspecte... les Lois Suspectent le Quotidien... Le chaos n'est pas fini... et loin d’être fini. Ni ce soir, ni demain, ni après-demain. Il nous tient au jour le jour... au quotidien. De l'ordre au désordre: d'où parle t-on, de qui parle t-on, de quoi parle t-on??? Comment comprendre tout un arsenal de loi qui exclue l'exclu, qui destabilise l'instable, qui désorganise l'organisé??!! De l'ordre se crée le désordre, de la sécurité l'insécurité... Incompréhensible mais inquiétant. "On est peut-être de la même planète mais certainement pas des mêmes mondes"... pour sûr!! C'est donc la fin des fins... ou presque... reste encore de gros morceaux... Avatarium 4ème du nom se boucle. Une belle invitation à la réflexion, à la rencontre, à la fête... D'expérimentations en expérimentations, c’est en cela que ce festival me semble réussite: il provoque et suscite interrogations et surtout envies. Avatar-ia-um EST Chaos.

YO NEL / RADIO DIO - 22.11.2002