CHAOSPHONIES 2002
THIERRY MAGNIN

ECOLE DES MINES

MER 20 NOVEMBRE
18H30
158 COURS FAURIEL
ST-ETIENNE

THIERRY MAGNIN

PHYSICIEN

PRETRE CATHOLIQUE

MEDITATIONS A PARTIR DES THEORIES DU CHAOS EN PHYSIQUE

"Il s'agira de préciser ce qu'on entend par chaos en sciences physiques, de donner quelques illustrations de ces théories, de leurs hypothèses de base, des principaux concepts et de leur utilisation actuelle, cela dans un langage accessible par des non-spécialistes. A partir de là, on réfléchira sur la manière d'appréhender le réel à partir de ces théories et on regardera jusqu'où elles nous donnent des clés de lecture du monde au-delà de la physique".

Thierry Magnin, physicien et prêtre

AVATARIUM#4 - CHAOSPHONIES 2002


CHAOSPHONIES 2002
LSQ, LSI

MISTRAL GAGNANT

SAM 23 NOVEMBRE
14H30

28 RUE E. GERVAIS
ST-ETIENNE

"Je suis tout le temps inquiet au sujet de mon enfant et d'Internet, même si elle est trop jeune pour s'être déjà connectée. Voici de quoi je suis inquiet: j'ai peur que dans 10 ou 15 ans, elle vienne me voir et me dise "Papa, où étais-tu quand ils ont supprimé la liberté de la presse sur Internet?"
Mike Godwin, Electronic Frontier Foundation

FREENET
http://freenetproject.org

LSQ, LSI ... SOLUTIONS POUR ÉRADIQUER NOS LIBERTÉS ?

En Octobre 2001, les parlementaires se sont entendus pour violer la constitution en votant la Loi sur la Sécurité Quotidienne (LSQ). L'urgence terroriste a justifié l'adoption sauvage de ces lois qui avaient été déjà rejetées auparavant. Lois qui ne sont pas sans rappeler le CJA (Criminal Justice Act) anglais et la fameuse politique US de "tolérance zéro". Cet outil législatif permet entre autres de contrôler et arrêter tout criminel potentiel. Le terrorisme sert ici de caution à la justification de ces lois qui visent en fait à réprimer les couches sociales les plus démunies ainsi que les collectifs activistes et militants. Au nom d’une Sécurité érigée en droit absolu, chacun se voit sacrifier ses droits les plus fondamentaux et obliger d'accepter perquisitions, fouilles, écoutes sans contrôle judiciaire effectif, restriction des libertés de rassemblement, harcèlement policier ... Nous présentons ici les grands axes sous-jacents aux 81 amendements de la LSQ. Certains points du projet de loi sur la Société de l'Information (LSI) ont été intégrés à la LSQ. Ils créent des limitations à la liberté d'expression fondées sur un hypothétique danger que feraient peser sur la société les programmes de cryptographie. Plusieurs acteurs du monde de l'informatique libre et des dizaines d'associations de défense des droits de l'homme s'accordent à dire que le fait de légiférer sur la "cryptographie" est inutile et dangereux.

Nous proposons dans le cadre du festival AVATARIUM un moment de reflexion sur la LSQ en se penchant plus particulièrement sur la manière dont elle propose d'enrichir un arsenal sécuritaire contre la liberté de communiquer.

A l'heure de la rédaction de cet article, nous ne connaissons pas encore les personnes susceptibles d'intervenir pour cette discussion. Nous avons néanmoins contacté les militants de FREENET, réseau alternatif et libre conçu pour assurer une réelle liberté de communication sur Internet). Il permet à n'importe qui de publier et de lire des informations de manière totalement anonyme. FREENET réunit la puissance des ordinateurs membres du monde entier pour créer une mémoire massive et virtuelle d'informations, ouverte à quiconque pour publier librement ou accéder à des informations de toutes sortes. Freenet rend extrêment difficile pour quiconque d'épier les informations que vous visionnez, publiez, ou stockez. Personne ne contrôle FREENET, même pas ses créateurs, ce qui veut dire que le système ne peut être ni manipulé ni fermé. FREENET consitute un outil de résistance efficace face aux mesures liberticides de la LSQ.

Atteintes à la vie privée et à la liberté de communiquer

Voici quelques exemples des mesures liberticides des amendements de la LSQ.
La police peut procéder à des perquisitions sur ordre du juge des libertés et de la détention sans l'accord du propriétaire ou de l'occupant des lieux. Sous couvert de lutte contre le terrorisme et de lutte contre le trafic de stupéfiants (souvent amalgamée à la première), il n'y a aucune procédure contradictoire prévue face au juge des libertés et de la détention (Art.24). Le pouvoir des officiers de police judiciaire est maintenant délégué à des agents de sécurité privés (sociétés de gardiennage, transport de fonds, vigiles) officiant dans les aéroports, zones portuaires ou autres et qui pourront désormais pratiquer les fouilles de bagages ainsi que les "palpations de sécurité" (Art.25, 26 et 27). Certains éléments liés aux nouvelles technologies sont également attentatoires aux droits fondamentaux garantis par la Constitution, des extraits de la LSI ayant été intégrés à la LSQ. Concernant la rétention préventive de données de connexion (qui écrit à qui et/ou qui consulte quelle adresse web), leur conservation est fixée à un an. Si le fournisseur d’accès (FAI) ne les fournit pas, il est passible d'un an de prison et de 75000 euros d'amende. A noter que les données conservées et traitées portent sur l'identification des personnes utilisatrices et sur les caractéristiques techniques des communications. Concernant la capacité de chacun à avoir recours à un procédé cryptographique pour chiffrer ses messages (soit protéger le contenu de ceux-ci), notre garde des sceaux a déclaré que "la transmission de messages cryptés par la voie de l'internet s'est révélée une forme privilégiée de communication entre membres de réseaux terroristes", si bien que les services judiciaires sont désormais, grâce à la LSQ, autorisés à déchiffrer les messages sans contre-expertise ou recours possible. Ils possèdent en effet la liste exhaustive des dits procédés, les prestataires de cryptologie devant leur remettre des "conventions de déchiffrement des données". En cas de messages douteux, s'ils le peuvent, ces prestataires doivent les déchiffrer eux-mêmes ou bien démontrer qu'ils n'en ont pas les moyens techniques afin de prouver leur innocence... ce qui constitue par définition une atteinte à la présomption d'innocence. De plus, toute personne cryptant ses messages est obligée de remettre à l'Etat les clefs permettant de les déchiffrer sous peine de 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende. Ces dispositifs portent directement atteinte à la confidentialité des données et au respect de la vie privée des utilisateurs des logiciels de cryptographie. Cet été, plusieurs décrets d'application sont venus agrémentés certains artciles de la LSQ. Un de ces décrets porte sur la création d'un "Centre Technique d'Assistance" dont la mission est de mettre au clair les informations chiffrées. Dans la mesure où les travaux de ces "briseurs de codes" sont couverts par le secret défense et qu'ils n'ont pas de "caractère juridictionnel et ne sont susceptibles d'aucun recours", on peut s'inquiéter de voir poindre des dérives judiciaires, les droits de la défense pouvant ainsi être entravés. Les outils de cryptographie sont le B-A-BA de la protection de la vie privée à l'ère numérique. Ces mesures les condamnant directement, elles constituent une entrave à la liberté de communiquer. La réglementation française de la cryptographie reste l'une des plus restrictives du monde, limitant notamment la libre utilisation par les particuliers de logiciels de cryptographie non préalablement autorisés par le gouvernement.

Criminalisation de la pauvreté et des mouvements sociaux

Après la dépénalisation du délit de vagabondage en 1992, la misère fait son retour dans la matière pénale. Les agents des transports peuvent exiger la descente du véhicule d’une personne "troublant l’ordre public" ou étant dans l'impossibilité de présenter un titre de transport. C'est une substitution au rôle des officiers de police judiciaire. On peut s'interroger sur la privatisation des missions de la police judiciaire quant à la légitimité des agents privés à faire la police eux-mêmes et aux éventuels dérapages (existence de normes concernant leur formation?). Plus grave, toute personne qui aura voyagé plus de 10 fois sans titre de transport sur une période inférieure ou égale à 12 mois sera punie de 6 mois de prison et 7500 euros d’amende. De nombreux cas de procès existent actuellement à ce sujet, cela concerne potentiellement 60000 personnes... (Art 49,50) Portant atteinte à des libertés de circulation fondamentales, la LSQ permet aussi d’interdire les rassemblements de plus de 5 personnes dans les cages d’immeubles qui peuvent désormais être dissipés au nom de la loi, voire pénalisés. On vise ici les gamins des cités qui représentent un danger potentiel aux yeux de la justice. Sont aussi visés de fait tous les rassemblements non-autorisés (manifestations, réappropriations spontanées d'espaces publics ou privés, occupations, ...). Le droit à l'organisation de certaines festivités autour de la culture techno, principalement les free-parties se voit compromis étant donné qu'il faut maintenant obtenir une autorisation de la préfecture, sans laquelle la police peut procéder à des saisies de matériel. La dérive sécuritaire actuelle amène ainsi à une criminalisation démesurée d'un comportement lié à un état de nécessité, à une vulnérabilité sociale ou à des revendications légitimes.

A suivre de près ...

Projet de Loi Sarkozy: Ce projet, dans la continuité des précédentes lois sécuritaires devrait être présenté le 16 Octobre 2002 par Nicolas Sarkozy. Il comporte entre autres des mesures ciblées sur les immigrés clandestins, les exclus, les squatters, ...  En dehors des quêtes autorisées, est punissable d'une peine de 6 mois de prison (mesure abrogée en 1992!!!) et 7500 euros d'amende le délit de mendicité en réunion, de manière agressive, accompagné de mineurs, en présence d'animaux menaçants ou dangereux, gêne pour la circulation des piétons ou des véhicules, sollicitation –même contre une prestation de service- de remise de fonds/valeurs ou biens. Le fait par tout moyen, y compris son attitude sur la voie publique de procéder au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations sexuelles, est punissable de 6 mois de prison et 7500 euros d'amende. L'installation dans un bien immobilier appartenant à autrui, sans être propriétaire d'une autorisation est punissable de 6 mois de prison et 3000 euros d'amende. A la lecture de ce projet de loi, ou à celle de la LSQ déjà en place, il devient urgent de revendiquer un refus de participer à cette stratégie sécuritaire fondée sur la peur de l'autre et le recours systématique à la répression.

cet article a été écrit en s'inspirant librement des ressources suivantes:
TEXTES DE REFERENCES: http://www.internet.gouv.fr
LSIJOLIE: http://www.lsijolie.net
FREENET: http://freenetproject.org
FEDERATION INFORMATIQUE ET LIBERTES: "Cryptographie: un pas en avant, deux pas en arrière" -article du 17 septembre 2002-.
Crypto Law Survey: http://rechten.uvt.nl/koops/cryptolaw/cls2.htm#fr

AVATARIUM#4 - CHAOSPHONIES 2002